Je malmenais cette lettre, celle qui avait chamboulé mon quotidien. Le père adoptif de Cléophée voulait que je la rencontre pour lui faire oublier le décès de la femme qu’elle appelait maman. Je ne suis qu’une simple option ? Je lui ai quand même donné la vie, je mérite un peu plus que faire office de remplaçante. Mais il parle de me faire connaître ma fille et je serais prête à tout pour la rencontre, voir comment elle a grandi, si elle a hérité de mes traits, si elle est bien éduquée. Comme cet inconnu m’avait mis face à la réalité, je me sentais désemparée. Pourtant j’ai rêvé de ce moment depuis des années mais devant le fait, je perds tous mes moyens. Et si Cléo refusait de me voir ? Elle pourrait m’en vouloir de l’avoir abandonnée et de ne m’être pas assez battue pour elle. J’y ai réfléchi pendant plusieurs jours, relisant presque une centaine de fois la lettre que ce Sören m’a envoyé. Après y avoir perdus quelques neurones, je me suis renseignée sur sa femme décédée et me suis décidée à me faire passer pour sa sœur. Il faut encore que je trouve le motif de ma visite. Une envie de connaître le mari de sa défunte sœur ? Vouloir rattraper le temps perdu ? Je ne sais même pas si cette femme avait de mauvaises relations avec sa sœur, mais cela me parait le bon plan. Peut être même qu’elle n’en a jamais parlé à son mari, au moins je risque de ne pas me faire prendre, oui c’est ce qui me parait le mieux.
Me voilà à Heatherfield, j’ai réussi à obtenir une place pour ma dernière année de sage-femme. Pour le logement, l’hôtel fera l’affaire pour l’instant. Je regarde pour un appartement ou une petite maison mais rien ne me plait. La lettre a toujours sa place dans mon sac, elle contient l’adresse d’où je peux trouver ma petite princesse. A l’hôtel, j’ai laissé quelques objets que je voulais donner à ma fille. Mais cela sera pour plus tard, quand j’aurais avoué ma véritable identité. J’arrive dans l’allée de la maison de son père adoptif, l’endroit est plutôt calme et je vois au loin un refuge pour animaux. Ah oui, il a précisé dans la lettre qu’il tenait un refuge animalier depuis qu’ils ont emménagés ici. Un cadre parfait pour éduquer une enfant, j’ai l’impression qu’elle n’a jamais manqué de rien, enfin c’est ce que j’ai ressenti tout au long de la lettre. Au plus j’avance vers la porte d’entrée, au plus j’ai une boule au ventre qui se forme et une petite voix dans ma tête qui me dit que c’est une très mauvaise idée, que je ne devrais pas entrer dans la vie de Cléophée, qu’importe comment je me présente. Trop tard pour reculer, je viens de toquer à la porte et quelqu’un vient m’ouvrir. C’est lui donc, Soren. Plutôt pas dégueu à regarder et il donne cette impression de quelqu’un de calme et paisible. « B.. Bonjour » Je perds mes moyens devant lui, pensant qu’il va tout de suite comprendre la supercherie, mais je me reprends tout de suite et me montre plus confiante. « Je sais que cela peut vous paraître bizarre, surtout en ce moment…Enfin, je me présente. Je m’appelle Nana, je suis la sœur d’Annabelle, votre femme décédée.. » Le mensonge vient d’être enclenché, maintenant j’allais devoir faire attention à tout ce que j’allais dire et faire pour ne pas que mon secret soit découvert.
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